Les contes de fées sont terminés.
Judith Bouilloc
Iliade (un prénom que je valide complètement) est une arrache-mot. Elle est capable, lorsqu’elle lit à haute voix, d’extirper les mots de la page et en faire des illusions, illustrant parfaitement son livre. Elle travaille dans une bibliothèque où elle passe ses journées à lire les histoires les plus célèbres aux enfants de son village. Mais elle va devoir quitter son petit monde à la suite d’une demande en mariage particulière : l’identité de son fiancé n’est pas précisée. Poussée par sa grand-mère cracheuse de feu et par les avantages que cette proposition offre à ses soeurs, elle compte accepter la proposition et aller à la capitale afin d’en savoir plus et d’oublier sa mésaventure amoureuse avec son ancien fiancé. La seule chose dont elle est sure, c’est que son fiancé appartient à la famille royale. A la capitale, elle rejoint sa soeur à qui elle a demandé à une de ses soeurs d’enquêter sur la possible identité de son fiancé. Après lui avoir rappelé son avais sur le mariage, elle donne à Iliade la liste (presque) exhaustive et lui propose une alliance secrète afin d’avoir des informations sur la famille royale pour les publier dans un journal révolutionnaire. Elle se rend donc au palais où elle va user de son pouvoir lors des différentes réceptions et où elle va rencontrer chacun des membres de la famille royale, y compris son fiancé.
D’une nature fantastique, ce livre présente aussi des éléments de romance et d’intrigue à la cour. A travers son récit, il est porteur d’une part de féminisme par sa défense de la condition des femmes mais aussi de la confrontation entre la monarchie qui semble toute puissante et ignorante de la répartie du peuple. En clair, je le conseille à tous les amoureux de la lecture qui se retrouveront probablement dans ces pages. Mais les amateurs de romance au centre de complots seront aussi conquis !

Pour moi, ce roman est un véritable bijou, et ce à tous les points de vue. Déjà par sa couverture que je trouve sublimissime : elle illustre parfaitement le pouvoir d’Iliade avec les lettres en dorure qui semblent s’envoler de la page, son profil très reconnaissable, les pages et autres illusions qui semblent s’envoler comme il est dit dans le livre. Contrairement à ce qu’on pourrait croire, son pouvoir n’est pas l’élément central de ce roman mais il a une place plus qu’importante et un rôle clé par lequel toutes les péripéties semblent s’expliquer. On peut donc dire qu’Iliade se retrouve malgré elle au centre de l’intrigue. Et cette situation lui plait bien, elle qui rêve d’aventure et d’écrire sa propre histoire où elle est l’héroïne. En effet, Iliade est une grande rêveuse à laquelle presque tout le monde peut s’identifier (en tout cas, moi je m’y suis identifiée) Elle est par ailleurs au coeur de ce roman puisqu’on suit l’histoire à travers ses yeux et son point de vue. Même si certaines informations nous viennent plus tardivement sous la forme de flashback, l’histoire reste tout de même racontée par ses yeux d’une manière régulière, mais qui va crescendo au niveau du rythme sans jamais redescendre avant le final fulgurant. On n’a à aucun moment le temps de s’ennuyer ou de lâcher le livre tant l’histoire est prenante et tant elle nous absorbe. La plume de l’auteur nous dépeint un monde si réaliste (notamment grâce aux différentes œuvres littéraires majeures mentionnées) qu’il nous semble presque réel. Je me suis moi-même surprise à rêver d’un tel monde ou d’avoir la capacité d’Iliade. D’ailleurs, à certains moments, celle-ci m’a fait penser au personnage de Belle de La Belle et la Bête. A certains moments, elle devient complètement un hommage à ce personnage, avec ses petites habitudes communes (je n’en dirai pas plus par peur de spoiler, pas d’inquiétude).
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